Une révolution numérique exposée
L’Afrique connaît une accélération digitale inédite. Mobile money, e-gouvernement et services cloud séduisent des millions d’utilisateurs chaque année. Mais cette révolution attire aussi les cybercriminels : selon INTERPOL, 30 % des crimes signalés en 2025 sont désormais numériques.
Les menaces les plus répandues sont le phishing, la fraude au président, les rançongiciels, la fraude au mobile money et la sextorsion. Le coût est colossal : près de 300 millions de dollars détournés en deux ans, selon les opérations Serengeti (INTERPOL/Afripol).
Une frontière floue entre vie pro et perso
Sur le continent, un même smartphone sert à tout : e-mails d’entreprise, paiements, conversations personnelles. Cette porosité entre vie professionnelle et vie privée constitue la principale vulnérabilité.
« En Afrique, la frontière entre usages professionnel et personnel est presque inexistante. Un même smartphone sert à gérer les finances d’une PME le matin et à recevoir des messages WhatsApp le soir. Les cybercriminels exploitent précisément cette porosité », explique Benoit Grunemwald, expert en cybersécurité chez ESET Afrique Francophone.
Cette réalité est amplifiée par la fracture numérique. Selon la GSMA, seuls 27 % des habitants d’Afrique subsaharienne utilisaient l’internet mobile fin 2023, tandis que 60 % de la population couverte par le réseau n’y accédait pas encore. Des millions de primo-utilisateurs arrivent donc sur internet sans bagage de cybersécurité.
Les solutions technologiques en première ligne
Face à ce contexte, l’Afrique doit miser sur l’innovation et l’adaptation locale :
- Authentification multifactorielle (MFA) pour limiter les intrusions.
- Intelligence artificielle afin de détecter en temps réel phishing, malwares et comportements anormaux.
- Cloud sécurisé et Zero Trust pour gérer l’accès aux systèmes critiques.
- Blockchain pour fiabiliser le mobile money et tracer les transactions.
- Partenariats technologiques entre opérateurs télécoms, fintechs et startups de cybersécurité.
Former et responsabiliser les utilisateurs
La technologie seule ne suffit pas. Les bonnes pratiques restent essentielles :
- Sensibiliser aux risques (phishing, sextorsion, fraude au président).
- Simuler des attaques par e-mails et SMS factices.
- Créer des canaux de signalement simples.
- Séparer vie pro et perso avec des identifiants et mots de passe distincts.
- Généraliser l’authentification à deux facteurs.
Une cybersécurité collaborative
Les opérations Serengeti ont prouvé l’efficacité des coopérations régionales. Mais la réponse doit être plus large : gouvernements, entreprises, startups et citoyens doivent co-construire un écosystème résilient, combinant innovation et sensibilisation.
Conclusion : transformer le risque en opportunité
La cybercriminalité agit comme un révélateur des fragilités numériques africaines, mais aussi comme un moteur d’innovation. En combinant technologies avancées, formation continue et coopération, l’Afrique peut transformer ses vulnérabilités en opportunités et renforcer sa souveraineté numérique.


