Le 18 septembre, Huawei a franchi une étape majeure en dévoilant publiquement ses ambitions dans le domaine des semi-conducteurs et de l’intelligence artificielle. Lors de la conférence Huawei Connect à Shanghai, le géant technologique chinois a présenté ses calendriers de développement pour ses puces Ascend (IA) et Kunpeng (serveurs), ainsi que le lancement de clusters de calcul parmi les plus puissants au monde.
Cette annonce marque un tournant pour la Chine, qui cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis des fournisseurs étrangers, notamment Nvidia, leader mondial des puces IA.
Une stratégie ambitieuse et un cycle d’innovation accéléré
Eric Xu, président tournant de Huawei, a souligné que l’entreprise dispose désormais de sa propre mémoire à large bande passante (HBM), une technologie dominée jusqu’ici par les sud-coréens Samsung Electronics et SK Hynix.
Huawei prévoit un cycle de lancement annuel pour ses nouvelles générations de puces, avec un objectif ambitieux : doubler la capacité de calcul à chaque lancement. Cette cadence illustre la volonté de Pékin de bâtir une industrie locale capable de rivaliser avec les géants américains et asiatiques du secteur.
Un contexte géopolitique tendu avec les États-Unis
L’annonce de Huawei intervient dans un contexte de forte rivalité technologique sino-américaine. Pékin a récemment intensifié ses pressions contre Nvidia, accusée de violation de la loi anti-monopole le 15 septembre. Les autorités chinoises ont également suspendu les commandes de puces d’IA auprès du fabricant américain, selon le Financial Times.
Cette stratégie vise à renforcer la production nationale de semi-conducteurs et à soutenir des acteurs comme Huawei, au moment où la Chine et les États-Unis s’affrontent pour le contrôle des technologies stratégiques.
Une annonce stratégique, à la veille d’un sommet diplomatique
Le calendrier de Huawei semble avoir été soigneusement choisi : la présentation est intervenue la veille d’un appel prévu entre Donald Trump et Xi Jinping, dans un contexte de négociations commerciales sensibles.
Depuis l’imposition de sanctions américaines en 2019, Huawei est resté très discret sur ses projets de semi-conducteurs, Washington l’accusant de représenter une menace pour la sécurité nationale. L’entreprise a toujours nié ces accusations.
Huawei, un pilier de l’écosystème chinois des semi-conducteurs
Annonçant dès 2018 son ambition de produire ses propres puces, Huawei s’est progressivement imposé comme un acteur central de l’industrie chinoise, malgré les obstacles liés aux sanctions. Les analystes considèrent désormais que le groupe est devenu un leader stratégique du développement des semi-conducteurs en Chine, contribuant directement aux efforts de souveraineté technologique du pays.


